Ladislas Pordan – Un photographe plus qu’amateur

Ladislas Pordan (Làszlo Pordan), prêtre, philosophe, enseignant et photographe, est né le 26 septembre 1919 à Hosszupereszteg en Hongrie.

Il a été ordonné prêtre en 1943 à Budapest. Durant la Seconde Guerre mondiale, c’est sous les bombardements qu’il complète son doctorat en théologie. Il occupe ensuite les postes de vicaire à Érsekujvâr et de cérémoniaire du cardinal Mindszenty, archevêque de Budapest.

En 1947, il déménage à Rome afin d’étudier la philosophie à l’Université Pontificale Saint-Thomas-d’Aquin. Pendant ce temps, la Hongrie devient une République populaire, inféodée à l’URSS. Le cardinal Mindszenty, et plus de deux cents prêtres catholiques, sont arrêtés en raison de leur opposition au nouveau régime.

Dans ce contexte, Ladislas Pordan ne peut retourner dans son pays natal. Il accepte alors l’offre de Mgr Albini Leblanc d’exercer son ministère en Gaspésie. Il commence par occuper les fonctions de vicaire à Rivière-au-Renard et à Paspébiac.

De 1958 à 1984, il enseigne au Séminaire de Gaspé ainsi qu’au Cégep de la Gaspésie et des Iles. On lui confie notamment les cours de philosophie, de religion, de morale et d’histoire universelle.

Ladislas Pordan a développé une véritable passion pour la photographie. Durant son séjour à Rome, son sens artistique s’éveille au contact des œuvres des musées de Milan, Venise et Assise. Au début des années 1950, il reçoit son premier appareil photographique comme cadeau de la part des paroissiens de Paspébiac. Au fil des ans, sa pratique se professionnalise; il présente des expositions et enseigne la photographie au Cégep.

L’œuvre photographique de l’abbé Pordan est marquée par les portraits féminins. Au Cégep, il profite de la qualité de la lumière traversant une fenêtre pour photographier les étudiantes. La beauté féminine lui apparaît d’ailleurs plus « évidente » et propice à la photographie. Fasciné par les jeux de lumière, il a été influencé par les grands maîtres du clair-obscur, tels que Rembrandt.

Son travail artistique revêt une dimension spirituelle et philosophique: « Une beauté esthétique qui appelle notre esprit ne peut venir que d’un autre esprit qui, cette fois-ci, n’est pas humain mais d’un autre ordre qui le transcende: l’Esprit du Créateur ».

L’abbé Ladislas Pordan était grandement apprécié dans la communauté. Il aimait d’ailleurs faire découvrir la culture hongroise aux gens de la région. Il est décédé à Gaspé le 13 février 2014, à l’âge de 94 ans.

Pour en savoir plus:
Ladislas Pordan, « Des réfugiés hongrois en Gaspésie », Revue d’histoire de la Gaspésie, octobre-décembre 1972, no. 40, p. 239-244.

Jacques Gratton, « Une quête de beauté », Magazine Gaspésie, été 2006, p. 34-35.