[197-?]. -
Photographie représentant le peintre Owen Chicoine.
Owen Chicoine est né dans le village gaspésien de Belle-Anse, le 4 juillet 1916. Il est le cadet des sept garçons d'Annie Girard et de William James Chicoine, descendants d'Irlandais et de Jerseyais, installés en Gaspésie au XIXe siècle.
Le dessin et la peinture intéressent Owen enfant, mais comme il le dit: «À cette époque, il y avait peu de temps pour la peinture; on exigeait d'un jeune qu'il gagne sa vie». Ainsi, il quitte l'école très jeune pour exercer différents métiers. Sa courte formation scolaire lui laisse cependant un goût de connaître qu'il assouvira plus tard.
Le 4 décembre 1942, Owen Chicoine épouse Thelma Lego de Belle-Anse. Quelques jours plus tard, il s'enrôle volontairement dans les Forces armées canadiennes afin d'éviter d'être conscrit. Le couple a un enfant, James Edward, qui naît alors qu'en Angleterre son père attend le signal du débarquement de Normandie. La guerre jouera indirectement un rôle important dans le cheminement artistique d'Owen Chicoine.
Blessé en juin 1944, près de Caen, il est rapatrié et doit être hospitalisé pendant trois ans. Owen apprendra à peindre lors de ces longues années d'hospitalisation. Les cours dispensés par Marian Scott l'intéressent particulièrement. Cyril Hotton, un ami gaspésien, étudiant en littérature à l'Université McGill, lui fait découvrir le monde des arts et des lettres. Entre temps son mariage est dissous.
Une fois rétabli, Owen s'oriente résolument versla peinture. Il s'inscrit à l'École du Musée des Beaux-Arts de Montréal, alors sous la direction d'Arthur Lismer. Il y passe trois années riches en recherches et en rencontres. Après avoir terminé son cours premier de classe, il enseigne à son tour à l'École du Musée des Beaux-Arts, de même qu'à l'Université McGill. Il donnera aussi des cours de peinture aux anciens combattants séjournant à l'hôpital St-Mary's de Montréal.
En 1953, il quitte Montréal pour un séjour de formation au Mexique. Ce voyage lui est facilité par une bourse d'études. Il fréquente l'Instituto San Miguel d'Allende ainsi que certains milieux artistiques de Mexico. Mais le mal du pays le gagne et il revient s'installer en Gaspésie. Il travaille alors à Murdochville et peint dans ses temps libres. C'est à cette époque qu'il fait la rencontre de Clara Arsenault qu'il épouse le 13 août 1956. Le couple s'embarque aussitôt pour l'Europe avec le projet d'aller vivre à Saint-Paul-de-Vence. Owen passe de longs moments dans les galeries et les musées de Hollande, d'Angleterre et de France. Même si leur projet de vivre dans les Alpes-Maritimes ne se réalisera pas, le couple prend une décision déterminante: Owen s'adonnera uniquement et entièrement à la peinture.
Commence alors une période d'effervescence créatrice. C'est le début des années soixante, années printanières où les Québécois font bourgeonner un pays nouveau. Owen installe une première galerie, ouverte aux visiteurs, sous les combles du magasin du capitaine Duncan. Face au petit port de mer de Mal-Bay, Owen Chicoine a trouvé son inspiration, sa vérité. Toutes les formes, tous les jeux d'ombre et de lumière viendraient de la mer. Il n'y dérogera pas tout au long de sa carrière.
Après avoir choisi Mont-Saint-Hilaire comme lieu de séjour permanent, il revient peindre et exposer à la galerie Moult Baies qu'il a fait construire à Mal-Bay en surplomb de la mer, à quelques noeuds marins de l'île Bonaventure.
Les années soixante correspondent à la période la plus prolifique du peintre. Les expositions se succèdent, bien qu'il travaille à l'écart des courants et des vogues, et qu'il n'ait pas connu la reconnaissance de la critique officielle. Owen Chicoine a peint plus de cinq cents tableaux. Frappé en 1970 par une maladie sans rémission, il continue de peindre sur des petits formats. Mais, à compter du milieu de la décennie, il vivra de longues années d'hospitalisation. Owen Chicoine décède le 23 décembre 1982.
(Source: Clara, Louise, Marc, Nathalie et Hans Chicoine, "Un grand texte de mer", Gaspésie, juin 1990, no. 110, p. 37-39.)
2 commentaires
Raymond Fredette
Je suis très très touché de découvrir ce magnifique texte faisant état de la vie et du travail d’Owen Chicoine
dont je possède trois oeuvres :
– une grande huile, de 30 pouces de hauteur x 36 pouces de largeur, intitulé ‘Face À La Mer’, dans des tentes de jaune
– une autre huile, de 26 pouces de hauteur x 18 pouces de largeur,
montrant la façade de N-D de Bonsecours, vue du milieu de la rue St-Paul à Montréal,
– un fusain montrant le visage de Clara, son épouse.
J’écris ces lignes en 2021, à l’âge de 82 ans; j’en avais 25 lors d’une visite chez eux à Pointe Saint Pierre, en Gsspésie.
Denicourt Mario
Je suis touché par l’histoire de ce peintre que j’ai connu un peu oar l’entremise de Louise que j’ai connue au Cégep de St-Jean sur Richelieu… Tout ça me rappelle de bien bons souvenirs et salutations à toute la famille